Pourquoi les médecins généralistes devraient s’intéresser aux migraines?

Par Louise Houle, Directrice générale • Le 13 novembre 2018


D’abord, la migraine est la troisième maladie la plus répandue dans le monde et affecte jusqu’à 16% de la population.

Le coût pour les personnes, leur famille et la collectivité est élevé du point de vue de la qualité de vie, de l’absentéisme à l’école et au travail, de la productivité perdue et des dépenses en médicaments.

Les spécialistes ne sont pas nombreux, ils sont surchargés et les listes d’attente sont très longues.

La migraine non traitée ou mal traitée peut s’aggraver et avoir de lourdes conséquences sur la qualité de vie de la personne. Cette maladie peut affecter la personne dans plusieurs sphères de sa vie, notamment au niveau professionnel, social, conjugal et familial.

La migraine cause une douleur physique extrême qui devient très vite une douleur psychologique (perte d’espoir, anxiété, isolement, dépression, suicide). Les migraineux ont besoin d’être bien compris et bien informés de l’importance de s’éduquer, de briser l’isolement et de travailler de concert avec leur équipe de professionnels de la santé.

Un patient qui n’a pas accès à un médecin compétent en matière de migraine est vulnérable. Soit il entretient de fausses croyances en se disant qu’il doit souffrir et attendre que ça passe ou encore il peut abuser des médicaments en vente libre et aggraver sa situation.

Un patient non suivi ou non bien traité peut se promener d’un médecin à l’autre en clinique sans rendez-vous pour avoir un traitement efficace pour sa douleur et peut même se rendre à l’urgence régulièrement, ce qui engorge bien évidement le système de santé.

Plus il y aura de médecins qui connaissent les traitements pour soigner les migraines et les céphalées, plus les patients seront adéquatement pris en charge avec les bons plans de traitement.  Ainsi, on diminue les risques de développer des migraines chroniques. Les patients en migraine chronique se retrouvent souvent en invalidité permanente et une fois rendu au stade chronique, il est plus difficile de revenir au stade épisodique.

À cause des préjugés, il y a des patients qui ont de la difficulté à avoir des congés de maladie de leur employeur ou à être couvert par les assurances. Ils se font dire qu’un mal de tête est un symptôme, ce n’est pas une maladie ou que c’est impossible d’avoir mal à la tête tous les jours ou encore que c’est un trouble psychologique.

Les médecins qui prennent au sérieux les migraineux aident à diminuer la stigmatisation et les préjugés non seulement des autres médecins, mais aussi des proches et de la population en générale face à cette maladie souvent très débilitante.

Il faut savoir que la migraine est bien plus qu’un mal de tête. C’est une maladie neurologique qui a, entre autre, comme symptôme le mal de tête. Une panoplie d’autres symptômes y sont associés : apathie, photophobie, phonophobie, osmophobie, vision altérée, nausées, vomissements, diarrhée, confusion, étourdissements, vertiges, paresthésie, etc. On comprend donc pourquoi la crise migraineuse peut être si invalidante.

Les médecins généralistes sont la porte d’entrée des patients dans le système de santé. Leur bonne compréhension de la maladie de la migraine et de ses impacts sur la santé globale et la qualité de vie de leurs patients migraineux est primordiale si l’on veut désengorger le système de santé et éviter les complications de la maladie.

Ensemble, nous pouvons faire avancer cette cause importante, sous-diagnostiquée et souvent invisible !

Ce texte a été présenté par Louise Houle à un groupe d’omnipraticiens lors d’un événement d’éducation médicale continue à Montréal le 26 octobre 2018. Merci aux membres de « Partage Migraine Québec » qui ont proposé leurs idées pour la présentation.


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