Ma vie en odorama…

Par Mélissa Mitchell • Le 12 octobre 2015


Par Savannah Queen – 19 octobre 2015

En tant que migraineuse, j’ai les sens affûtés. Le plus sensible est sans contredit l’odorat dans mon cas. Dans une autre vie, j’aurais pu être un chien pisteur. Ou un Nez en parfumerie. Non mais sans la partie migraine du cerveau j’aurais assurément été couronnée de succès chez Dior ! Sans le lien alcool=déclencheur je pourrais aussi me lancer dans la sommellerie…

M’enfin…!  Ma réalité est pas mal moins drôle. Dans les derniers mois, ce feature qui me sauvera peut-être un jour la vie s’il y a une fuite de gaz me l’empoisonne quotidiennement. Je suis constamment agressée de toutes parts par des odeurs que mon cerveau qualifie de « dangers » auxquels il répond en me foudroyant de douleur. Et si je suis déjà en crise de migraine, elle s’accentue de manière vertigineuse.

Vivant avec des migraines quotidiennes depuis près de deux ans, ma zone de tolérance est extrêmement faible vis-à-vis de plusieurs déclencheurs, particulièrement les odeurs (inexistante serait sémantiquement plus juste…). Cette dégénérescence a eu comme avantage de m’aider à affirmer mes besoins auprès de mes proches. Avant, les réunions de famille étaient un subtil ballet au cours desquels je m’éloignais des gens dont le parfum me montait à la tête.

Maintenant, je demande à ceux qui m’entourent d’éviter le parfum en ma présence. Je m’en porte beaucoup mieux. Ce n’est pas facile à exprimer comme demande, mais j’ai réalisé un jour que si j’étais allergique aux arachides on ne m’en servirait pas…voilà…moi c’est au parfum que je suis allergique ! J’aurais dû exprimer cette demande bien avant…

Le métro, les ascenseurs, les salles d’attente, La Baie sont tous des endroits à haut potentiel de risque ! Un film au cinéma, une soirée au restaurant ou un spectacle peuvent tourner en cauchemar en une fraction de seconde si un monsieur près de moi empeste le Old Spice, une jeune fille fleure le bouquet de bonbons ou un employé lave une table au Windex ! Mon conjoint n’a pas le droit de changer de crème à barbe ni de gel à cheveux et je pense bien que mon fils sera lavé au Aveeno Baby jusqu’à ses 10 ans… Je ne change pas de produits une fois une odeur « approuvée » : le goût du risque a ses limites ! Je ne peux plus mettre ni retirer du vernis à ongles. Mon homme a dû peinturer une pièce au sous-sol la porte fermée et les fenêtres ouvertes cet hiver. Je pourrais dérouler la liste des odeurs qui m’incommodent à l’infini… C’est très contraignant. Et très frustrant.

Comble de mon malheur personnel, Pinterest m’inspire des tas de projets artistiques… qui impliquent de la colle, de la peinture en aérosol, du vernis…  Pragmatique, je sais que je ne peux pas juste m’installer dehors et espérer que ce sera suffisant comme aération pour mon cerveau en alerte. Je me suis donc équipée d’un masque de peintre professionnel qui me donne un look tout droit sorti d’une zone de décontamination. Test non concluant : mon cerveau réussit tout de même à percevoir les émanations. Soupir de contrariété.  Bon bien… j’imagine que Pinterest me donnera des pistes pour intégrer mon masque à un futur costume d’Halloween ?


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